blessure émotionnelle

Il y a deux semaines, j’ai organisé une série de stages au Venezuela et en Colombie. Avec Marc Fleuriet, j’ai animé un atelier intitulé « Connectez-vous à votre Être et créez vos rêves » et je voulais partager avec vous mon point de vue sur cette expérience.

Depuis 6 ans, le sujet des blessures de l’âme (le rejet, l’abandon, l’humiliation, la trahison et l’injustice) m’intéresse. Et je vous avoue que nous n’étions pas pleinement conscients de l’impact que ces travaux pourraient avoir auprès de certains participants.

Cet atelier a nécessité deux années de recherche, mais en dépit de l’expertise que nous avions déjà, nous avons dû clarifier les concepts de nombreuses approches de guérisons pratiquées. Aujourd’hui je peux vous affirmer que le travail sur le sujet des blessures est incontestablement essentiel dans la vie que ce soit afin de mieux avancer sur un chemin spirituel ou tout simplement de vivre dans le bonheur et d’être heureux.

 Le bonheur et la santé sont des états naturels. Et donc, comme pour le corps, les blessures de l’âme que nous avons stockées nous maintiennent dans un niveau d’existence médiocre et insatisfaisant, si ce n’est perturbateur.

Pour faire une analogie avec les ordinateurs, les blessures sont comme des virus informatique qui prennent possession de tout notre système et affectent notre comportement que ce soit notre manière de manger, de nous tenir, la forme de notre corps, notre façon de penser et d’aimer nos enfants, parents, frères et sœurs, partenaires, collègues, amis …

Les blessures conditionnent aussi notre attitude envers la vie, l’argent, le travail, les responsabilités etc…

Nous offrons de nombreux types d’ateliers, mais celui concernant les blessures de l’âme a une place particulière dans mon cœur parce qu’il peut aider chaque participant à transformer radicalement sa vie à condition d’appliquer les enseignements dispensés et d’utiliser les outils auxquels sensibilise cet atelier.

Lors de notre dernier atelier, quelqu’un a retenu mon attention, car pour des raisons évidentes, il m’a montré à quel point il peut être facile d’atteindre ce qu’on appelle le noyau de la blessure, c’est à dire, le traumatisme subi qui a engendré la blessure.

Il m’a aussi montré l’importance de libérer les émotions refoulées dans ce noyau.

Je l’ai rencontré la veille de l’atelier, il avait une souffrance visible, inscrite sur son visage et m’a supplié de l’aider. Il m’a expliqué avoir été  pendant plusieurs années en traitement psychiatrique pour dépression grave et qu’il absorbait, pour arriver à survivre, des anti-dépresseurs. En dépit de la lourdeur de son cas et sans me tromper, je l’ai senti prêt et très motivé pour s’en sortir…

Dans l’une des étapes les plus importantes de l’atelier, appelé « The Wire », nous invitons le participant à communiquer et à verbaliser autour d’un de ses traumatismes dans le but de se libérer de sa charge émotionnelle et d’atteindre la compréhension profonde de ce qui s’est vraiment passé. A la fin de ce processus, les participants ressentent un grand soulagement, signe qu’ils ont pu se libérer d’une de leurs blessures.

Alors que le travail se fait en binôme, nous étions, ce jour-là en nombre impair. Je devais donc être le partenaire d’écoute d’un des participants et c’est cette personne que j’ai choisie.

Suivant alors mon intuition, je lui ai demandé de retourner à l’origine de sa blessure. Sa mère était morte dans ses bras quand elle avait 7 ans, après une maladie très douloureuse. Son père n’a jamais pris soin d’elle. Respirant à peine, cette personne a revécu de manière consciente les évènements.

Son attitude a changé pour prendre celle d’une personne plus jeune qui a eu très peur au moment de la mort de sa mère, pleurant d’une manière, pour moi, inoubliable et déchirante. A ce moment-là, je lui ai demandé de se concentrer sur ses sensations et / ou manifestations corporelles, passant alors par « le focusing ». Cette méthode me surprend toujours ; une fois que les gens se concentrent sur les sensations liées aux émotions, se détendent, s’abandonnent et lâchent prise, le traumatisme émotionnel se dissipe et la douleur disparaît.

Dans ce cas précisément, le soulagement est venu rapidement, même s’il restait encore une légère manifestation douloureuse sur le côté gauche du corps. Dans le même temps, d’autres participants requéraient aussi mon aide. J’avais, en effet, noté, en prêtant l’oreille, que certains se perdaient dans le processus en racontant des histoires. Hors, dans le processus de guérison, ce n’est pas l’histoire qui est importante, ce sont les sensations corporelles qui découlent des émotions réveillées par l’histoire.

Marc ne pouvait rien faire sans moi puisque qu’il ne parle pas espagnol.

J’ai donc demandé à cette participante de se connecter à son Être intérieur et je l’ai laissé dans une méditation très profonde sur la présence. Alors, je suis allé aider les autres participants en les guidant par des questions. Puis quand tout le monde eut terminé, je suis retournée vers mon binôme et lui ai demandé de revenir dans l’ici et maintenant. Lorsque j’ai vu son visage lumineux et souriant, j’ai compris qu’elle avait fait avec moi une guérison très profonde en se libérant de la souffrance qui l’oppressait depuis des années.

Mais ce qui m’a le plus surpris, c’est que ses interventions pendant le reste de l’atelier avaient changé, elles étaient devenues très profondes et sages, empreintes d’une grande paix. En fait, sa conscience s’était étendue alors qu’elle nous avait raconté que ses seules pratiques spirituelles étaient la lecture de la bible occasionnellement.

À la fin de l’atelier, elle nous a remerciés parce qu’elle se sentait enfin en paix. Et même s’il était nécessaire de poursuivre ce travail de libération et de guérison, une grande partie du travail a pu être faite dans l’atelier.

Beaucoup de gens au cours de ces ateliers craignent de revivre la douleur engendrée par ces expériences traumatisantes. Et pourtant ils la revivent déjà chaque jour en ne la guérissant pas. Finalement, ils continuent à souffrir de crainte de souffrir à nouveau. Ils ne se rendent pas compte que ce sont leurs blessures qui leur font revivre et récréer constamment des expériences de rejet, de la solitude, du sentiment d’abandon, qu’à cause d’elles, ils sabotent leurs relations, élaborent des situations où ils sont humiliés ou victimes, subissent des séparations, divorcent, manquent d’argent, éprouvent des difficultés à réaliser leurs projets les plus chers, ou encore sont en conflit perpétuel avec leur entourage (professionnel, social, familial …).

 

Alors qu’il suffirait de revivre une seule fois en conscience l’expérience qui a causé la blessure pour enfin en terminer et passer à autre chose de plus paisible et épanouissant. D’autant plus que ce revécu sensoriel peut-être très doux, il n’y a même pas besoin de souffrir à nouveau pour se libérer.

Maintenant que j’ai conscience de tout cela, je dis qu’il vaut toujours mieux faire face aux souffrances que l’on porte, accompagné, guidé et soutenu étape par étape plutôt que de continuer à vouloir les éviter tout en s’enfermant dans le cercle vicieux de la répétition et de la survivance de ces souffrances.

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Ana Sandrea